Huahine, la rebelle

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Huahine est sans doute l’île la plus sauvage et secrète des îles de la Société de par sa nature luxuriante et son passé riche en mythes et légendes. Située à 30 min en avion de Tahiti,  Huahine tirerait son nom de « hua », sexe et « hine », femme. Il est dit que ce nom ferait en fait allusion à une femme enceinte. D’ailleurs certains trouveraient que le mont Tavaiura fait penser à un visage de femme couchée avec un ventre arrondi. Auparavant, l’île portait le nom de Matairea qui signifie « brise joyeuse ». A son époque, le capitaine Cook la baptisa sous une autre appellation encore : « Hermosa », qui signifie « belle ». Cette île apparaît donc comme une île féminine et séduisante dont ses habitants sont particulièrement fiers.

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Huahine est composée de deux îles : Huahine Nui (la grande) au nord et Huahine Iti (la petite) au sud, séparées par un chenal étroit. Elles offrent tout ce que l’on attend d’une île polynésienne : une végétation luxuriante, des plages de sable blanc, des petites criques discrètes, des îlots coralliens déserts, un lagon aux couleurs turquoises et des cultures vivrières et fruitières très variées.

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Entre Nui & Iti !

Elle peut aussi s’enorgueillir de posséder l’un des sites archéologiques les plus étendus et les mieux conservés : le marae de Maeva, ensemble de plusieurs marae importants situé au du pied mont Mouatapu et au bord du lac Fauna Nui. Les légendes planent sur cette île convoitée par Hiro, Dieu des voleurs et adoptée par de nombreux artistes.

Huahine, qui fut l’une des dernières îles à être rattachée aux Etablissements français de l’Océanie (1897), a toujours été un foyer irrédentiste important. L’emblématique ‘député’, chantre de l’indépendance du territoire,  Pouvana’a a Oopa Tetuaapua est originaire de Huahine.

Un monument rappelle d’ailleurs la situation de guerre qui existait avec la France. Une tombe de marins français est située près du pont qui relie le motu au village de Maeva. Il s’agit d’une tombe rassemblant les corps de vingt quatre marins et soldats du navire l’ « Uranie », tué en janvier 1846 lors d’une bataille avec les habitants de l’île.

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Le Dieu Hiro tenta d’aller vers l’île de To’erau roa, qui fut l’ancienne appellation de Huahine. Le vent se leva, c’était le To’erau, qui vint se poser au centre de la voile. La pirogue de Hiro prit le vent, et glissa rapidement sur les vagues.

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Hiro, attentif scruta la terre devant la pirogue. Dans la nuit noire, il avertit ses frères de veiller sur la pirogue, car lorsque le vent tournera, elle risquait de passer au travers de l’île de To’erau Roa, c’est-à-dire Huahine. Hiro leur dit enfin  :« Je vais aller me reposer un peu, et lorsque la terre sera proche, réveillez-moi. Prenez garde à ceci : lorsque la brume se lèvera, réveillez-moi ou notre pirogue traversera la terre ». Hiro alla se reposer à l’arrière du bateau. Seulement, les frères du Dieu Hiro ne prêtèrent pas attention à ces avertissements, sauf le dernier des frères, Tupurairai, lui seul disait à ses frères de mener la pirogue avec beaucoup d’attention. Ses frères lui répondirent : « Reste tranquille, ou alors nous te jetterons à la mer ! »  Tupurairai se tut, de peur qu’on le jette à la mer et qu’il soit mangé par les requins. Le vent se mit à tourner et gonfla la voile de la pirogue. Cependant, les frères de Hiro, ne réveillèrent pas leur aîné, car la pirogue filait, agréablement poussée par le vent.

Mais la pirogue traversa l’île et découpa To’erau Roa en deux parties, To’erau la grande que l’on appelle aujourd’hui Huahine Nui, et la petite partie étant Huahine Iti.

A son réveil, Hiro vit que l’île avait été coupée tandis que la pirogue continuait sa traversée. Il perdit la rame de sa pirogue, alors il tenta d’arrêter la pirogue en jetant son hameçon sur l’île…

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Les marae Fare Roi, Fare Tai, Vai-otaha et Rauhuru sont situés le long du lac Fauna Nui de Maeva.

Marae Fare Ro’i

Son nom, qui signifie « maison (du) lit », est aussi celui d’un célèbre marae de Mahina à Tahiti aujourd’hui disparu ; le lit en question pouvait être une métaphore signifiant un objet ou un lieu destiné à accueillir durablement une divinité, figure du (monde de la nuit). L’archéologue Emory le répertorie comme un marae tupuna (familial) de la chefferie (mata’eina’a) Fare Tou de Huahine. Ce site archéologique a été étudié par l’archéologue Mark Eddowes en 2000 et restauré par le service du patrimoine et de la Culture quelques années plus tard.

Marae Fare Tai

Le marae Fare tai est répertorié comme un marae tupuna (familial), et est rattaché également à la chefferie Fare Tou. Son nom signifie « Maison (de la) mer ».

Marae Vai-‘ōtaha

Comme le cas du marae Taputapuātea de ‘Ōpoa, dont plusieurs marae portaient le nom aux îles de la Société, Vai-‘ōtaha (source de la frégate) est un nom prestigieux de marae connu en dehors de Huahine, en référence au marae Vai-‘ōtaha de Bora Bora dont les chefs portaient une ceinture de maro tea (plumes claires). Emory ne le range pas dans une catégorie précise, et le rattache aussi à la chefferie Fare-Tou.

Marae Rauhuru

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Le terme « rauhuru » désigne les feuilles de bananiers desséchées. K. Emory le répertorie comme un marae tupuna (familial), sans préciser sa chefferie de rattachement. Il note la présence de pétroglyphes (de pirogues) sur des dalles calcaires (coralliennes situées aux extrémités ouest de la face nord du ‘ahu’ (partie élevée), et ailleurs, d’autres pétroglyphes, de tortues.

Le marae Anini

Il se situe à Parea à la pointe sud de Huahine, sur le domaine de la famille royale, à coté du marae Titoi. Il était fréquenté par la communauté de l’extrémité méridionale de Huahine-Iti. Les divinités, Oro (le dieu principal de la guerre, en l’honneur de qui la plupart des sacrifices humains étaient pratiqués) et Hiro (le dieu trompeur), étaient adorés sur ce marae. Le dernier prêtre de ce marae, Hiro, déclara au réverend William Ellis en 1818, qu’il se rappelait au moins 14 sacrifices humains.

Il aurait été édifié pour Ta’aroari’i, fils de Mahine, roi de Huahine, à la fin du XVIII° siècle. C’est là que Ta’aroari’i tenta, malgré les ordres de son père, de revivifier les religions traditionnelles avant de se voir exilé par les factions de Huahine, favorables au protestantisme.

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La caractéristique principale du marae Anini est son ‘ahu’ (autel). De petites plates formes, ro’i étaient considérées comme des lits pour les dieux Oro et Hiro. Les pierres dressées à la verticale, ‘ofa’ i turui’, permettaient aux prêtres et aux chefs de s’adosser pour se reposer ou bien encore sont des monuments commémoratifs pour les chefs décédés.

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Un petit marae avec des pierres dressées dans la partie longeant la route fut construit lorsqu’une famille royale adopta un enfant de lignée inférieure. Une plate-forme très éloignée de l’enceinte désigne l’endroit où se trouvait la maison de Oro. Il s’agirait d’une petite structure, maintenant disparue dont chaque poteau aurait été planté dans le corps d’une victime sacrifiée.

 

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